Aggravation (s)
Hervé Bauer
Présentation
…je n’arrive pas à déchiffrer sur ma peau la date de péremption.
Dès la première cadence, Hervé Bauer nous tient au parfum, il s’agit
bien d’aggravation(s) et on se demande jusqu’où ira cette spirale
infernale où la peur peut apparaître comme la fiancée aveugle de la
mort. Mais curieusement, le pluriel que souligne l’auteur porte en soi
une sorte de rédemption.
qui tant
remua la terre pour y trouver
du ciel
La littérature est bien là pour prendre le relais de cette plongée en
apnée au corps même de ce vide qui nous piège. Elle est ce voyage
initiatique à travers les visages de la mort qu’elle provoque et libère. Et
quel moyen d’exorciser la fragilité de la vie que de fréquenter ce théâtre
imaginé de la mort, avec les grincements qu’il faut, mais aussi avec
humour et subtilité… un art brut, taillé au canif, mais dans une quête
toute mallarméenne d’un absolu, capté au revers des mots.
qui s’arrime au vers/à quoi ?
rime sa vie à
rien
…Aggravation(s), à travers des textes brefs et des mots qui veulent
échapper à leur carcan, est une belle oeuvre d’acceptation de l’équation
insolvable de la vie crispée sur la mort, de la mort qui soulève un terroir
fertile et du poète qui est un passeur à mi-chemin entre la fatalité et
l’éblouissement.
M. Cassir